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Pas si folle, la Blanche
Octobre 2006
François Baju
Gault & Millau le magazine
n°356, septembre 2002

Pas si folle, la Blanche
Le club des cinq crus légendaires du Bas-Armagnac confronte ses eaux-de-vie blanches pour prolonger sa politique de vieillissement dans des règles identiques.

Des raisons de ne pas se copier, ils en trouvent plein les rangs de vignes et dans les alambics; des motifs de souder leurs destins, les Crus légendaires du Bas-Armagnac les cultivent au sein d'une entité ouverte, pour l'heure limitée à cinq. Découlant de l'énième crise de mévente de la merveille gasconne, le groupe se ligue depuis décembre 2000 pour éduquer ses distillats dans un collège tenu par les plus remarquables de ses pairs: Jean Vianney de Boisséson (Château de Lacquy), Martine Lafitte (domaine Boignères), Gilles de Luze (Château de Briat), Pierre Laberdolive (Domaine de Jaurey), Maïté Dubuc et Yves Grassa (Domaine de Tariquet). Sous une charte, au contraire d'une chape, ils firent alors serment à la mousquetaire de maîtriser leur complet cycle de production. Cette position pourrait en imiter d'autres si elle ne provenait pas des crus majeurs sur le marché du luxe et à l'international. Il ne s'agit pas encore de se promouvoir mais de parler vérité à l'unanimité des membres, chacun préservant en amont son « quant-à-chez-soi » en matière d'encépagement, de mode cultural, de création du vin, de degré précis de distillation, de logement en barriques de fin bois, de sous-tirage ou de millésimes.
Cette promesse « morbleu ! » de ne pas se foutre de la gueule du monde mais de la parfumer découle aussi de l'exploitation pointilliste des terroirs et des états de maturité avant récolte. Tous pour un précepte : le bon armagnac ne découle que d'un grand vin.
Après, chacun sa recette. Leur « Un pour tous » de toute manière, renvoie le goût trop anglais outre-Manche et les Miladies à leurs coiffeuses pour se refaire les « anglaises ».
En ce sens, l'armagnac de l'universelle Compagnie des Mousquetaires reste sectaire et planétairement gascon : vertus viriles et enthousiasmes féminins; et puis, c'est bien tout pour s'en faire une salutaire religion.
Il faut donc des eaux-de-vie distillées entre 52 et 58 degrés, un stock de 20 décennies à écouler et une sincérité nobiliaire sans trahison entre membres s'épiant quand même un peu tous les jours.
Personne ne vit donc en se dispensant du regard de l'autre d'où une récente dégustation des « blanches » de chacun et des alcools logés depuis moins de dix ans. Ce fut une importante journée pour les cinq propriétaires mais aussi pour le chocolatier Hévin ou les sommeliers Francis Miquel (ancien de Daguin à Auch) et Éric Beaumard du George-V à Paris.
Sur les blanches dont certaines prendraient avantageusement la place de quelques digestifs gélifiés (prune d'Ente du commerce ou fausse poire de l'Est), il faut reconnaître les identités parcellaires (terroir et encépagement). À ce sujet, le dégustateur commun d'armagnac ne sait pas ou ne veut pas savoir, mêlant son empirisme longitudinal à ses a priori devant les linéaires de grande surface. Cette fois, il s'agit bien de devenir méticuleux.

 

La quintessence des Cinq
Dans une réflexion étincelante de parfums : la noisette du baco de Lacquy, la variante pommelée du baco-ugni-blanc de Laberdolive, la minéralité de Boignères en folle-blanche, la pêche de vigne du Tariquet ou encore la suavité exotique du nachi dans le Briat 54 degrés en folle-blanche.
Ces expressions primaires et initiatiques des futurs grands crus, dans une logique d'exploitation tout aussi rigoureuse qu'en Bordelais, ne se contentent pas de promesses, une fois distillées.
Quelques années de vieillissement doivent alors convaincre de l'exactitude de la logique engagée par les « cinq légendaires ».
La confrontation organisée chez Grassa est remarquable, révélant dans la catégorie des moins de dix ans d'âge, des eaux-de-vie presque accomplies. Toutes portent en elles une modernité aromatique gommant au principal les brûlants des éthers volatils. Voilà des armagnacs naissants sur lesquels on peut enfin poser son nez sans suffoquer. Trop insolents et encore adolescents, ils portent toutefois une attaque civilisée bien que leurs géniteurs ne s'autorisent aucune réduction, ni en eau distillée ni en « petites eaux ».
On appréciera alors le miellé du Lacquy 1991 (colombard), le fin boisé du Laberdolive 2000 et le remarquable pruneau du 1993, le végétal de la folle-blanche 1998 de Boignères ou encore le fruité déjà prononcé du Tariquet 1997 (folle-blanche).
Nous voilà donc en interprétation d'un prélude à la gloire des quintessences à ne pas perdre de vue pendant les cinq prochaines années et plus. Nos amis sommeliers consentiront-ils alors à proposer des menus avec digestif compris en dispensant leur clientèle de tuer leur goût, avant de manger, par des rasades d'alcools britanniques. Tireront-ils les premiers ?


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