Lorsque la famille Grassa s''installa en 1946 entre Eauze et Vic-Fezensac, sur les terres du grand Bas-Armagnac, le Domaine du Tariquet ne comptait que 5 hectares. Aujourd''hui, Yves Grassa, qui, avec sa soeur aînée Maïté, a pris la suite, a rassemblé 600 hectares, souvent en location. Et, s''il continue de produire des armagnacs remarquables, il s''attache désormais à ce que les vins de pays aient leur partition à jouer dans le concert mondial (il exporte 80 % de sa production). Pour cela, il explore systématiquement toutes les pistes, notamment pour les blancs ; assemblages ou monocépages, élevages sous bois, récolte tardive, cépages traditionnels de la région (ugni blanc, colombard, gros et petits mansengs) ou adaptés ici (chardonnay, sauvignon, chenin). Tout lui est bon pour inventer des vins frais, fruités, bien charpentés, qu''il vend toujours à prix très raisonnable.
Son petit manseng ''Dernières grives'' (la dénomination ''Vendanges tardives'' est réservée aux vins d''Alsace) constitue un cas un peu à part dans la gamme, mais mérite plus qu''un détour. Cueillis à surmaturité (à la saison des dernières grives), les raisins sont extrêmement concentrés, et donnent à ce blanc un caractère très particulier, qui tend vers le moelleux des pacherencs et des jurançons sans atteindre à la même sucrosité. A l''oeil, une jolie teinte or pâle, limpide ; au nez, beaucoup de finesse et d''élégance, avec des touches d''abricot, des notes vanillées, qui évolue vers le toasté et la pêche jaune. En bouche, l''attaque est douce mais nette, le fruit bien présent, la rondeur évidente, avec une finale qui s''éteint très lentement et progressivement. A boire bien frais (7-8°) à l''apéritif, pour lui-même, ou bien à escorter de fois gras d''oie, de melon, de fruits en salade, voire de fromages bien choisis (comté fermier, édam, cantal jeune). Mais on pourra aussi l''oublier dans la cave une bonne dizaine d''années, il est de taille à se bonifier.
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