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Revue des Oenologues
Octobre 2006
Rémi DANTIN
remidantin@entrepot-du-vin.de
Revue des Oenologues n°106

Que font-ils ailleurs ?

Tous pour un, un pour tous !

Des habitudes alimentaires moins conviviales, des repas de famille de plus en plus espacés, une Loi Evin peu amène, pour ne pas dire telle '' un Coup de Jarnac'' a portée au paysage vitivinicole français, associant les excès imbibés de sorties en discothèques avec les ''fins gueuletons'' entre épicuriens avertis (lesquels, selon les statistiques sont rarement impliqués dans les accidents mortels, contrairement aux marathoniens de la beuverie du week-end) et la peur du gendarme en résultant, ont fait que la consommation des digestifs français a sombrement chuté, et ce, alors que certains distillats de grain, ingérés souvent à l''apéritif, voient leur avenir fleurir.

Le Cognac est très durement touché, des vignerons en contrat avec des ''maisons'' se retrouvent en rade avec des stocks dans leur chais, ces ''maisons'' ne pouvant honorer les-dits contrats. Alors, on essaie de faire du vin de pays, des cocktails...

L''Armagnac a senti le vent du boulet arriver ; négociants et coopératives connaissent de grandes difficultés certains ont du simplement se regrouper ou pire, mettre la clef sous la porte. Pour d''autres, ce ne serait qu''une question de temps, les aides devant cesser l''année prochaine.

Face à cette situation périlleuse, le panache gascon a repris le dessus, et ainsi, plutôt que de se répandre en jérémiades, cinq producteurs distillateurs de renom du Bas-Armagnac se sont regroupés (Loi du 01/0''7/1901) sous le nom de ''Cru légendaires en Bas-Armagnac'' afin de préserver un mode de travail ancestral, de défendre la qualité, l''authenticité de ce produit (le plus ancien distillat de France et de Navarre selon les historiens, destiné, à l''origine à soigner et désinfecter les pèlerins du ''Camino frances '' de ''Monsieur Jacques'' à destination de Compostelle).
Ces cinq mousquetaires ont établi une charte assez drastique allant de la vigne à la commercialisation ; en voici les prescriptions les plus significatives, adoptées volontairement ; en sorte, une idée bien précise de traçabilité s''instaure en Bas-Armagnac, même si on en est pas encore à l''ISO...

  • Cépages traditionnels, à savoir : Ugni blanc, Colombard, Baco 22A, Folle blanche, Plat de Graisse ; le porte-greffe le plus répandu étant Riparia-Gloire.

  • Densité de plantation (3 300 pieds/ha min.), limitation du nombre d''yeux (80 000/ha), rendement maximum d''alcool pur 10 hl/ha.

  • Le degré minimum des vins de base sera de 8 % vol. avec une acidité volatile maximale de 0,50. Ces vins seront soumis à une analyse effectuée par un laboratoire agréé.

  • La distillation aura lieu exclusivement sur le domaine avec un alambic de type armagnacais sous le contrôle du producteur (à la sortie, le distillat devra titrer au minimum 52 % et au maximum 58 % vol. et ce, avant la fin du mois de décembre, sauf dérogation).

  • A la sortie de l''alambic, l''eau-de-vie sera immédiatement entonnée dans de la futaille de chêne pédonculé français, âgée au maximum de cinq ans.

  • Le chai de vieillissement résidera sur l''exploitation et sera bâti en matériaux ''nobles'' avec des conditions de température et d''hygrométrie adéquates.

  • Pendant quinze ans, le vieillissement s''effectue exclusivement en tonneaux (225 l.) ou pièces (408 l.), l''usage de foudres restant autorisé que lors des travaux d''ouillage et d''assemblage. Le stock en cours de vieillissement doit s''élever au minimum de vingt années de ventes annuelles en cols, calculé sur une moyenne de trois ans.

  • Aucune adjonction de produits étrangers à la vigne et au vin est autorisée (caramel, etc., n.d.l.r.)

  • Les Armagnacs millésimés ne peuvent être embouteillés avant l''âge de dix ans passés dans le bois et doivent faire état de la date d''embouteillage et de la composition de l''assemblage sur l''étiquette ou la contre-étiquette. La mise en bouteilles sera exclusivement effectuée à la propriété.

Nous ne nous étendrons pas sur le règlement interne stipulant, entre autre, l''achat de bouteilles dans le commerce et dégustations postérieures aux fins de contrôle de qualité, les modes de financement de la promotion etc.
Ce samedi 23 novembre 2002, ces cinq producteurs avaient convié une douzaine de professionnels à la source de l''alambic (récolte 2002). puis à celles des millésimes antécédents.
Producteurs, tonneliers, sommeliers, cavistes, journalistes se trou vèrent confrontés à un arsenal de dix-sept verres se décomposant de la sorte : distillats de l''année, de 2001. puis divers 97, 95. 93 et 92. Les produits furent présentés par les propriétaires qui précisèrent le cépage ou leur proportion dans l''assemblage, l''âge et le degré de chauffe des barriques, puis on dégusta dans le silence chaque série. Enfin, on confronta les appréciations qui révélèrent une rare unanimité.

Le but était de mettre en évidence le terroir à travers divers millésimes ; il ressorti pour votre serviteur une étonnante constance pour chaque producteur due à l''expression du terroir, et sans préjuger de la qualité intrinsèque de ces produits, nous ne pouvons que reconnaître une volonté de se démarquer par la recherche systématique qualité et la transparence absolue, du tout venant, lequel, certes bon marché mais qui obère l''image du travail de ceux qui tendent à l''inaccessible perfection, expression du respect du terroir.
Que cet ''élitisme'' irrite certains indécis ou médiocres n''est pas étonnant ; cependant, ils devraient songer que ces cinq '' locomotives'' ''tirent vers l''avant » une Appellation hier pas loin de la déconfiture.

D''ailleurs. depuis la rédaction de cette ''Charte'' il y a deux ans, nombre d''autres producteurs non encore adhérents (l''association restant ouverte aux impétrants éventuels sous condition de remplir les clauses de la charte), réagissent et souhaitent que l''Armagnac ne soit plus considéré depuis le Traité de Rome comme ''produit industriel'' mais comme produit agricole (''La Dépêche du Midi'', 27/11/2002). C''est le moindre que l''on souhaiterait !

Puissent d''autres producteurs, à l''instar de ces bretteurs, sublimer leur Décret d''Application.
Tous pour un, un pour tous. Mordiu !

Les membres de cette association sont :

  • Comte Jean-Vianney de Boissèson, Château de Lacquy (Président)

  • Martine Laffitte, Domaine de Boignères.

  • Gilles de Luze, Château de Briat.

  • Pierre Laberdolive, Domaines Laberdolive.

  • Maïté Dubuc et Pierre Grassa. Domaine du Tariquet

Nous tenons à la disposition de ceux qui en feraient la demande. les coordonnées précises de ces cinq producteurs.


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