Rien d’étonnant à cela, c’est alors pratique courante en Armagnac. Cet alcool a le pouvoir de revigorer ceux qui le boivent ; on s’en sert même pour donner de la force aux nouveau-nés fragiles en leur frictionnant le corps avec cette eau bien nommée eau-de-vie.
Le Domaine Tariquet a vécu, avec des hauts et des bas, de la polyculture et de l’élevage qui dominent dans la région, ainsi que de la vigne. Et c’est en 1912 que son destin change.
Dans les années 1880, comme nombre de ses compatriotes ariégeois du Piémont pyrénéen, Pierre Artaud embarque à bord d’un paquebot transatlantique pour les Amériques afin d’y tenter l’aventure et mener une vie moins rude que dans les montagnes.
Il a un métier peu banal, même si c’est la spécialité de son village natal d’Ercé ; il est montreur d’ours. Il arrive aux Etats-Unis pour présenter son spectacle à de plus vastes publics. Il remporte un certain succès et se constitue quelques économies.
À l’occasion d’un de ses retours en France, il découvre le Domaine Tariquet, à Eauze, dans le Gers.
On comprend qu’il ait été séduit par cette gentilhommière, à la fois simple et élégante avec son corps de logis rectangulaire, même si elle n’était pas dans l’état où nous la voyons aujourd’hui. Un rez-de-chaussée surmonté d’un étage sous combles et flanqué de deux tours. Chambranles de pierre de taille blanche qui entourent les portes et les fenêtres, crépi clair doré sous le soleil.
En 1912, il lui faut unir ses économies à celles de son fils Jean-Pierre, barman à New York, pour acheter et restaurer la maison et cultiver les terres de la ferme, dont les 7 hectares de vigne qui l’entourent.
Vient la Grande Guerre. Jean-Pierre n’hésite pas à revenir se battre ; gravement blessé, il ne rentrera à New York qu’en 1919 et retrouvera enfin son épouse, Pauline, qui pendant toutes ces années n’a jamais manqué l’arrivée du bateau en provenance du Havre.
En 1922, Jean-Pierre et Pauline reviennent définitivement en France pour rejoindre le Domaine Tariquet. Leur fille Hélène naîtra au domaine en 1925.
Pauline et Jean-Pierre Artaud.
Hélène grandit au domaine et croise Pierre Grassa, fils des fermiers voisins. La famille de Pierre, originaire d’Espagne, a participé au creusement du tunnel du Somport dans les Pyrénées avant de s’installer dans le Gers. Pierre, une fois jeune homme, partage son temps entre le Gers et Bordeaux ; il sera garçon vacher puis coiffeur. Sportif et mélomane, il n’hésite pas à faire le trajet à bicyclette entre Eauze et Bordeaux, où l’attire tout spécialement le Grand-Théâtre et ses opéras. Mobilisé en 1939 lors de la Seconde Guerre mondiale, il sera fait prisonnier. Libéré après une période de captivité, il revient à Eauze où il rejoint les rangs de la Résistance.
La paix retrouvée, Hélène et Pierre Grassa se marient en 1946 et s’installent au Domaine Tariquet.
La famille Grassa est fondée et son histoire se mêle dès lors intimement au développement du Domaine Tariquet.
À cette époque, la culture du maïs a le vent en poupe mais ils souhaitent donner à la production d’armagnac l’ampleur qu’elle mérite, tout en maintenant l’élevage et la polyculture. C’est un projet auquel ils veulent donner toutes les chances de se réaliser ; ce n’est pas un hasard si le premier tracteur du Gers – heureuse retombée du plan Marshall – arrive au Domaine Tariquet.
Lundi au Samedi
10h à 12h / 14h à 18h
Fermé Dimanche et jours fériés
Domaine Tariquet
32800 Eauze – France
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération